LES NOMBREUSES COMPOSANTES DU MOUVEMENT
Dans les géographies proposées aux enfants, un regard doit être posé sur les multiples lectures du mouvement que nous connaissons. En effet, l’enfant doit pouvoir se développer sur le plan moteur en général. Une EDM ne sait et ne peut se limiter à un seul domaine. Devraient pouvoir entrer en ligne de compte les variables suivantes :
L’utilisation des différents membres : tête, jambes, bras,….
L’ensemble des actions motrices : sauter, courir, ramper, tomber, grimper,….
L’expression de multiples qualités comme l’équilibre, la dissociation,…. Plusieurs initiations du mouvement du corps : coordinations croisées, haut-bas, ….
La variation dans la forme du corps (petit/grand – étroit/large).
La saturation des composantes de l’espace comme les directions ….
Le fait de jouer avec le temps.
La capacité à s’adapter à la variation des nombres (actions individuelles, en groupe, par deux,…).
Si l’on devait synthétiser cet aspect en une courte phrase, on dirait : « de tout, tout le temps ». Non pas en prétendant donner accès à tout en une seule séance mais dans un cycle de plusieurs séances.
L'OFFRE PERMANENTE DE MOUVEMENT
Chaque environnement peut être adapté pour donner aux enfants des occasions de bouger : le domicile familial, l’école, le terrain de jeu, la salle de sport, le centre de plein air, la piscine,… Par ces adaptations – petites ou grandes – à l’environnement, on peut provoquer des stimuli susceptibles de favoriser le mouvement. Ici, chacun a une responsabilité : les parents, les instituteurs, les politiciens, les moniteurs, qui peuvent dans leur contexte créer ou modifier un espace donné. Par exemple, tracer des lignes de couleur dans la cour, avoir un espace « engins qui roulent », …. Dans la conception des circuits, dans l’apport de diverses formes de jeu, on veille à ce qu’il n’y ait pas de file d’attente, à ce que les enfants soient en mouvement chaque minute. À titre d’exemple, on ne classera pas dans la philosophie de l’EDM un entraînement où les enfants s’approchent en une file pour dribbler vers un anneau de basket, tirer des penalties,…
UNE APPROCHE DEPASSANT LE CADRE DU SPORT
L’EDM aspire à un équilibre entre l’expérience en matière de santé et l’expérience en matière de sport. Elle propose un programme de base et un programme complémentaire pour la formation sportive, parfois limitée, et la formation compétitive des jeunes enfants.
Dans les clubs, l’objectif numéro 1 se limite souvent à la réalisation de performances. Très souvent, les enfants sont de suite préparés à disputer des compétitions. Par conséquent, on consacre la plupart du temps de l’attention aux aptitudes spécifiques visant le court terme. Le plaisir de jouer est par trop souvent associé au fait de disputer des « petites compétitions », au fait de « marquer ».
Dans les dernières années de participation à l’EDM, avec les enfants les plus âgés, on consacre une partie du temps à proposer aux enfants des activités motrices liées à différentes disciplines sportives. 
Dans les conditions idéales, les enfants iraient à l’EDM pour adhérer ensuite ou en même temps à un club sportif si cela les intéresse.
Pour réaliser cet objectif, il est impératif que les entraîneurs de jeunes des disciplines sportives entrent dans le concept de l’EDM. Celle-ci doit également promouvoir et soutenir les initiatives en faveur des enfants qui ne souhaitent pas participer à un type d’activité où la compétition est placée au centre de l’approche.
UNE APPROCHE DIFFERENCIEE ET ORIENTEE SUR LE DEVELOPPEMENT
Dans tout processus éducatif, il devrait avant tout être en priorité question de l’enfant. À partir de ce postulat, il est évident que l’on ne peut proposer tout et n’importe quoi à un enfant. La question fondamentale serait : « que peut faire l’enfant ? » et non « que devrait-il pouvoir faire ? ». On ne peut évidemment pas s’attendre à ce que des enfants de 5 ans par exemple aient des aptitudes motrices identiques. Mais il est important d’avoir quelques points de repère : un enfant de 5 ans est-il capable de sauter un mètre en longueur à partir d’une marque ? Un enfant de 5 ans suspendu à une barre fixe est-il à même de se déplacer sur 5 mètres. Grâce à cette connaissance, à cette expérience, les animateurs peuvent faire évoluer les enfants pas à pas pour qu’ils « tendent » vers leur niveau maximum. Sans conteste, le mouvement est un instrument au service du développement général de l’enfant (affectif, social et cognitif) mais il peut à certains moments du processus de développement être en soi un but temporaire. D’un point de vue didactique, les animateurs d’une EDM utilisent trois grands modes d’intervention pédagogique :
Les enfants dans ce type de fonctionnement ne sont confrontés qu’à la géographie ; on ne leur assigne aucun objectif ni leur donne aucune consigne à respecter. À leur rythme, en fonction de leurs envies, de leurs possibilités motrices, les enfants recherchent des solutions pour surmonter ou non les obstacles, pour jouer sur tel ou tel module. L’enfant navigue au milieu du merveilleux pays de la découverte : de quoi suis-je ou non capable ? Qu’est-ce qui m’attire ? Avec qui ai-je envie de grimper là - haut ? Comment faire pour franchir cette montagne de pneus ? En résumé, l’enfant fait ce qu’il veut quand il veut comme il veut et avec qui il veut. Évoluer à son rythme prend différentes formes : l’enfant peut éprouver sa dynamique de plaisir à travers des jeux de rôle, un certain papillonnage, la faculté de répéter une action motrice un très grand nombre de fois, le droit …de ne rien faire ou encore de se (re)poser, de quitter le circuit,…. Ce « voyage » provoque un certain chaos et…beaucoup de vacarme. Les animateurs y ont un rôle « effacé » mais très utile : répondre aux questions, aux attentes, assurer la sécurité, observer qui joue toujours seul, qui réalise un défi « intéressant »,…
Au cours de cette première phase, nous proposons une situation et un but sans préciser de quelle manière cet objectif devrait être atteint. Par exemple, l’animateur propose cette situation : vous avez un ballon, un drap et à deux il faut essayer que le ballon passe au-dessus du panneau de basket. Les enfants doivent chercher des solutions seuls ou ensemble ou encore choisir entre différents possibles. Nous vivons dans ce cas le passage de la motricité spontanée à une motricité plus guidée. La tâche principale des animateurs dans ce type d’intervention pédagogique est sa faculté à avoir un comportement dynamisant, stimulant : qui a encore une idée , qui saurait faire la même chose que Joseph ?...
La seconde phase de la motricité guidée est l’émanation de la volonté de l’adulte ; celui-ci impose à la fois le contexte, le but et surtout donne les moyens ou la méthode à utiliser pour atteindre l’objectif assigné. Les animateurs posent des consignes claires ; on entre plutôt par la fenêtre de la technique. Les animateurs, par ce type d’intervention pédagogique, enrichissent le bagage moteur des enfants en les confrontant à la précision, l’intensité, le contrôle, la collaboration, la « sensation » du mouvement, ….
Le but final de cette triple approche n’est pas de faciliter la tâche des enfants. Une séance de l’EDM n’est pas une thérapie occupationnelle amusante ni une activité « one shot » du type une journée sportive par an. Non, nous avons l’ambition, au départ de la réalité individuelle de chaque enfant, que chacun atteigne son niveau personnel global maximum.